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Grand débat : l’abandon de la CNDP laisse place à une opération de communication du Président


Pour tenter de calmer la colère qu’il a lui-même provoquée par son intransigeance et ses mauvaises réformes, le président de la République mène un grand débat qui ressemble à une grande diversion. Tout dans cette opération de communication relève du cafouillage.

Avant toute chose, je tiens à rappeler qu’il existe dans notre République un lieu dédié au débat et à la négociation : il s’agit de l’Assemblée nationale. Son système de discussion est rodé depuis deux siècles, son indépendance est garantie par la Constitution et sa légitimité est totale puisqu’elle repose sur l’élection. Croire que la commission nationale du débat public serait mieux qualifiée que les députés pour porter la voix des Français, c’est mépriser nos institutions et la souveraineté nationale.

Cela fait longtemps que je m’inquiète des prétentions de cette agence de l’État, usine à gaz qui se prend pour le dépositaire de l’opinion publique. J’avais pu constater son inutilité flagrante lors des deux débats publics sur les éoliennes en mer au large du Tréport-Mers : des heures et des heures de réunions dans des salles confortables, enregistrées avec de l’équipement dernier cri, couronnées de plusieurs rapport… Tout cela n’a servi à rien, puisque le projet est finalement passé en force.

Cela aurait été la même chose si la CNDP s’était occupé du "grand débat" macronien. Mais ce qui s’est produit est encore plus scandaleux, puisque sa présidente, effrayée par la polémique sur son salaire mirobolant, s’est tout bonnement dessaisie de cette mission qui lui avait pourtant été assignée par le Premier ministre. Notre République est donc dotée d’une commission qui coûte 3,5 millions d’euros par an et qui se permet de refuser de faire son travail – travail qui, même s’il était fait, ne servirait à rien. Soyons sérieux, respectons l’argent des contribuables : supprimons cette commission !

Abandonné par cette agence, le président de la République s’est donc retroussé les manches pour aller répondre aux questions des élus locaux. C’est un geste de proximité et de considération envers les élus du terrain que je ne peux que saluer. Mais parce que je crois en nos institutions et en la légitimité du Parlement, je remarque que si les propositions des députés de l’opposition avaient été écoutées, la contestation n’aurait même pas eu lieu. Cela fait des mois que nous appelons le gouvernement à la maîtrise des taxes. Nous n’avons pas été entendus. Au lieu de réinventer des institutions qui ont fait leurs preuves, Emmanuel Macron devrait réinvestir l’esprit de dialogue à l’Assemblée nationale.


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