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Agriculture : protégeons mieux nos terroirs


La semaine dernière, le Salon de l'agriculture s'est tenu à Paris. J'ai eu le plaisir d'aller y saluer les éleveurs, brasseurs et cultivateurs de la Somme pour honorer leur travail et surtout, écouter leur vision de la politique agricole actuelle.


La situation n'est pas toute noire au vu du succès populaire incroyable – comme chaque année – du Salon de l'agriculture. Les 23 hectares du parc des expositions de la porte de Versailles étaient tout simplement noirs de monde ! Les Français, mais aussi les touristes se pressent pour découvrir cette agriculture de l'excellence, à la pointe de la modernité tout en conservant les traditions d'un terroir préservé qui fait notre fierté à l'international. Premier pays agricole d'Europe, la France rurale dégage 6,1 milliards d'euros d’excédents commerciaux fournissant un emploi à 3 millions de personnes. Le tout en respectant l'environnement, puisque pour la troisième année consécutive, le modèle agricole français a été primé par le magazine The Economist comme le plus durable au monde !


Mais d'autres éléments suscitent l'inquiétude : bureaucratie, perte de compétitivité, incapacité à se rémunérer convenablement, érosion des parts de marché… Les agriculteurs demandent non seulement de la reconnaissance des pouvoirs publics, mais surtout une protection légitime afin de vivre dignement de leur travail.


Force est de constater que ce n'est pas ce que propose le gouvernement actuel. La loi dite "EGAlim" (équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous) du 30 octobre 2018 était censée augmenter le revenu des agriculteurs sans frapper le consommateur. Résultat : les prix de l’alimentation continuent d’augmenter (+ 3% en un an, + 8% sur les produits frais) et les agriculteurs ne sont toujours pas sur un pied d'égalité avec la grande distribution lors des négociations commerciales. On aurait pu imaginer des sanctions contre les méthodes déloyales de certaines grandes enseignes, qui vont jusqu'à menacer les agriculteurs pour obtenir des rabais. Ces grandes enseignes, qui sont de véritables cartels, ont une puissance énorme du fait de leur taille, tandis que leurs interlocuteurs sont souvent de petits exploitants, isolés et vulnérables. Le déséquilibre est malheureusement structurel : il appelle des mesures qui favorisent la croissance économique et la compétitivité des exploitants.


Rien de tel n'est prévu, au contraire. Contre toute attente, la politique agricole commune (PAC), qui verse chaque année 9 milliards d'euros à nos agriculteurs, prépare sa baisse : jusqu'à −15 % à partir de 2021. Cette aide historique, qui est à la base de la construction européenne depuis le premier jour, est essentielle à notre compétitivité. Le gouvernement doit se mobiliser pour que l'Europe, n'oublie pas la France. Nous donnons chaque année 16 milliards d'euros au budget général de l'Union européenne, ce qui fait de nos le deuxième contributeur après l'Allemagne : nous devons nous battre pour que ce magnifique projet commun ne se fasse pas à notre détriment !

Enfin, rien dans la loi, ni dans aucune autre loi depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron, ne s'attaque au nerf de la guerre : les normes et les charges hallucinantes qui pèsent sur nos entreprises, a fortiori nos entreprises agricoles. Nous sommes toujours le pays qui surtranspose le plus les directives européennes. Les charges fiscales et sociales sont en augmentation constante. Lors du dernier projet de loi de finances, il a fallu nous battre pour préserver le dispositif d'allègement fiscal pour les agriculteurs employant des travailleurs saisonniers : le gouvernement voulait économiser 480 millions d'euros sur le dos des agriculteurs !


L'excellence alimentaire, écologique et technologique de l'agriculture française est un fierté qui mérite que nous nous battions pour elle. Dans ma circonscription plus qu'ailleurs, elle est au cœur du territoire qu'elle a façonné et structuré depuis des générations. Ne la délaissons pas.


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